PROJET PORTAIL Mars 22
Mars 2022, la pandémie est derrière nous, ou quasi. Les parents ne sont pas rentrés dans l’école depuis un moment. Certains n’ont même pas connu ces accueils matinaux, les locaux, les ateliers partagés…
Tous les matins, les familles de l’école franchissent le portail pour entrer dans le lieu où les enfants vont passer la journée. Nous souhaiterions comprendre ce qui s’y joue pour eux, s’il s’y joue quelque chose d’ailleurs.
Participants :
Natacha Huibant (maman La Prairie CP), Cécile Dumazeau (maman La Prairie CM2), Manon Serve (maman Antony) et sa fille Thaïs (en 4ème, ancienne élève d’Antony), Eva Martin Bretones (témoignage écrit, maman de l’EA) et sa fille Mathilde, en CE2, Cécile Primot (anciennement maman de deux filles issues de l’EA et toujours enseignante à l’EA)
Parmi les 3 écoles représentées, deux portails ont évolué dans le temps, décision non choisie par l’école mais par ‘les autorités’ : Vigipirate pour La Prairie (nouveau portail automatisé, à code) et le proprio pour l’EA (portail en métal avec piques au-dessus).
Historiquement, La Prairie (École religieuse) n’avait pas de portail, les deuxièmes platanes de l’allée faisaient office de limite à ne pas dépasser pour les enfants. Cela fonctionnait bien.
Également historiquement, le portail de l’École Aujourd’hui était en bois, fabriqué par les parents, recouvert d’une fresque joyeuse, par les enfants. Il y a quelques années, le propriétaire a imposé un portail en métal, beige, avec des pics sur le haut.
La Prairie est une grande école, elle a plusieurs portails qui délimitent les espaces des niveaux.
Les 3 principaux sont :
- Celui sur la cour pour la sécurité (rue)
- Celui qui mène à l’école
- Celui des crayons qui mène à la mater.
Usage : Entre le premier et deuxième portail : Café des ARPENTS les vendredis, lieu d’échange, pause café des équipes pédagogiques. Y habite aussi Monsieur Pierre, un homme très âgé qui est le fils du gardien de l’ancienne La Prairie.
Symbolique : Le premier portail est vu comme un empêcheur, le système électrique se bloque. Natacha nous dit : ‘Le portail idéal c’est pas de portail ; les limites sont travaillées autrement. Les autres portails sont vus par les enfants comme les passages délimitant les espaces entre les niveaux.’
Antony a un grand portail et une porte (uniquement pour les adultes).
Usage : Panneau d’affichage, mots d’enfants pour infos de besoins divers, support pour les vêtements oubliés, support pour que les enfants y grimpent, délimite la zone intérieure où les chats, tomate ketchup et foot sont possibles.
Symbolique : coéducation (APENA le franchit pour les Pots au feu du dimanche)
Pour Thaïs, la couleur bleue du portail était différente les jours d‘école de ceux des pots aux feux. Le bleu était plus joyeux et intense les jours d’école, il lui rappelle plus de souvenirs (à la fin de la journée, Thaïs et ses amis ‘participaient aux rituels de la sortie organisé par les adultes’).
L’École Aujourd’hui a un grand portail, haut qui donne sur le Boulevard E. Quinet
Usage : Affichage, cages de foot, 1, 2, 3, soleil, il jouxte le jeu du 4 square… Boîte aux lettres pour le courrier, celui de l’EA celui du voisin/locataire Christophe. Les enfants de maternelle s’inscrive sur une ardoise, à leur arrivée du matin pour la garderie de l’après classe.
Symbolique :
Pour Mathilde :
Aucune “valeur” particulière pour elle maintenant (le portail avait été très important le premier jour d’école et elle s’en souvient encore), tant elle l’a traversé et intégré dans son quotidien que le portail a « disparu ». Mathilde est chez elle : elle circule avec une aisance totale, place chaque chose à son endroit les yeux fermés sans même remarquer que chaque chose a sa place ; salue les personnes qu’elle rencontre avec le contact proche et chaleureux de celui qui arrive à la maison et y retrouve sa famille après quelques heures d’absence, avec une certaine excitation aussi après ces heures d’interruption et ce nouveau jour qui commence.
Pour Eva :
Pour les parents nouveaux depuis 3 ans c’est toute autre chose.
Il faut d’abord avoir présent à l’esprit que c’est une pratique nouvelle, qui a été impossible les deux dernières année (par cause COVID-19), et personnellement dans mon cas, c’est toute une première, car nous n’étions pas là avant la pandémie et donc nous n’étions jamais entrés à l’école le matin (et très peu en général : garderies, réunions de classe, réunions de l’APE, activités de l’APE comme ciné-club et club jeux… et c’est pratiquement tout, et surtout c’est différent par rapport au moment du matin).
C’est un processus en cours.
Le premier jour, le moment de franchir physiquement le portail était un moment fort, toute une excitation, des questions aussi : est-ce que notre présence dérangera les enfants, qui sont habitués depuis deux ans à jouir de ce temps et de cet espace entre eux ? Qu’est-ce que je verrai, observerai ? Quels échanges, avec qui ? Y aura-t-il beaucoup de parents ? Beaucoup de bruit ?
En fait c’est un temps calme et silencieux, en classe, de démarrage doux. Pour moi c’est un temps de familiarisation progressive, d’observation calme et d’échanges qui tâtonnent, qui apprennent à connaître et à découvrir. La classe comme espace, si calme le matin, est pleine de vie : les murs, les étagères regorgent de vie, projets et expériences passées et en cours, habitudes périodiques. Des échanges avec les enfants : un trésor, car il y en a que je connais très peu. Entrer dans l’école et dans la classe permet de s’imprégner de tout cela, cerner mieux le moment où le groupe se trouve et ainsi peut-être concevoir des projets à proposer.
En fin de compte, c’est par la présence et le contact que les belles choses se tissent.
Les trois versants (enfants-enseignants-parents) peuvent ainsi prendre une concrétion plus pertinente.